Interview d’Emmanuelle Guillard

Emmanuelle Guillard est élue au CDOS de la Vienne, en charge du Comité Départemental Etudes et Sports Sous-Marins. Elle revient pour nous sur son parcours, nous explique ce que sont les sports sous-marins et nous dépeint sa pensée sur l’égalité entre les hommes et les femmes.

Emmanuelle, comment est née votre passion pour le sport ?

J’ai toujours pratiqué le sport de manière générale. Plutôt l’athlétisme au départ. La plongée est venue sur le tard, lors d’une rencontre avec une collègue qui faisait de la plongée et comme avec mon mari nous cherchions à effectuer une activité en commun, on nous a poussé pour venir faire un essai. Au début, ce n’était pas ce que j’avais envie de faire en priorité car le fait de respirer sous l’eau me procurait beaucoup d’appréhension. Puis nous avons effectué un baptême de plongée, que je n’ai personnellement pas forcément bien vécu. J’ai insisté et je suis désormais une mordue de plongée, qui est quelque chose de magique. Au départ c’était une envie de partager quelque chose en laissant les enfants en garde. De plus, la plongée permet de voyager, de faire de belles rencontres, etc.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai une maîtrise en économie et un DESS en l’aménagement et du territoire. Cela vous situe un peu mon âge (rires). J’ai ensuite travaillé dans différents domaines : communauté de communes, agences de développement et désormais au Conseil Départemental à dans différents postes : prévention spécialisée, politique de la ville, formation, aide sociale à l’enfance et actuellement sur un poste de développement territorial mais avec un profil plutôt “démarche participative”. En ce qui concerne le parcours en plongée, je pratique cette activité depuis 2010. J’ai passé les différents niveaux et puis j’ai eu envie de transmettre et donc de former. J’ai gravi rapidement les échelons puisque je suis monitrice fédérale premier degré. Je peux donc enseigner jusqu’à quarante mètres. Je m’occupe de la plongée au niveau de mon club et du Comité Départemental, où l’objectif est de fédérer les sections jeunes des différents clubs de la Vienne, puisqu’il y a plusieurs clubs de plongée au niveau du département. Des rencontres sont organisées pour que les jeunes découvrent des activités autour de la plongée. Nous abordons également une “pratique développement durable” de la plongée. On leur apprend par cette responsabilisation environnementale que la mer ne nous appartient pas du tout et qu’il faut faire très attention à cette dernière. Au niveau du club, nous organisons des sorties où nous faisons passer des niveaux techniques et des sorties loisirs pour les jeunes et les moins jeunes. On encadre techniquement des personnes, on leur fait passer des niveaux en mer et on emmène également nos jeunes plonger en mer pour leur faire découvrir le milieu marin, etc.

Vous êtes membre du CDOS et du Comité Départemental Etudes et Sports Sous-Marins. Quels sont ces sports sous-marins ?

Je suis membre du CDOS car liée au Comité Départemental, donc à la Fédération Française des Études et des Sports Sous-Marins. Je représente à ce titre le CODEP FFESSM au niveau du CDOS. Dans les sports sous-marins, on va trouver des activités comme, bien sûr, la plongée subaquatique, mais également le tir sur cible, le hockey, l’apnée, nage avec palmes, etc. Nous avons également des brevets en biologie, en photographie sous-marine, vidéo, etc. Il y a quatorze Commissions au sein de la Fédération Française. Après, tous les clubs n’ont pas la possibilité de pratiquer toutes ces différentes activités. Il y a quelques clubs qui proposent la nage avec palmes, la nage en eau vive, de l’apnée, de la plongée, vidéo ou biologie. Ce sont des activités que l’on trouve très facilement dans le département.

Il existe une dizaine de sports sous-marins. Si certains sont relativement connus de tous, d’autres sont, eux, méconnus.

Sur Poitiers, cela commence à se développer. Nous n’attirons pas la presse mais il y a des championnats, même si ces derniers sont très discrets. Les sports FFESSM sont : le hockey, la plongée sportive en piscine (qui est plutôt physique) et le tir sur cible.

La FFESSM compte quatorze activités subaquatiques, dont trois disciplines culturelles (archéologie subaquatique, audiovisuelle, environnement et biologie subaquatique). Pouvez-vous nous parler de ces dernières ?

Par exemple, pour la biologie, nous avons différents niveaux de brevets et nous pouvons également ensuite devenir formateurs en biologie. On nous apprend à découvrir la faune et la flore, à repérer les différentes formes de vie sous l’eau, la biodiversité, etc. Pour regarder autrement lorsqu’on est sous l’eau et respecter tout ce qui est vivant sous l’eau. L’archéologie subaquatique est, elle, une activité très particulière. Je n’ai pas plus de connaissances sur cette activité et de mémoire je pense qu’un seul club sur le Département la pratique. Pour la photographie, comme en biologie, on nous apprend à utiliser un appareil photo sous l’eau, en mode manuel en non automatique. On apprend également comment capter, cadrer un sujet et comment éventuellement on retouche une image. Avec, pareil, des passages de niveaux et la possibilité de devenir formateur.

La FFESSM est en outre présente sur l’ensemble du territoire national et outre mer grâce à ses organismes déconcentrés régionaux et départementaux qui déclinent localement les mêmes commissions qu’au plan national. Quelle est la représentativité des sports sous-marins sur le territoire Poitevin ?

Dans le département, nous avons sept clubs : trois à Poitiers, un à Châtellerault, un à Lusignan, un à Chauvigny et un à Montmorillon. Cela représente environ 700 licenciés. C’est plutôt facile de pratiquer la plongée. On contacte un club, on réalise un baptême et on continue la plongée si cela nous a plu. Il faut cependant un certificat médical de non contre-indication pour adhérer à un club. La pratique se fait en piscine. Sur Poitiers, nous avons la chance d’avoir la Ganterie, puisque la municipalité met à disposition des créneaux à titre gracieux aux trois clubs. La piscine a une profondeur de cinq mètres et on complète la formation en s’entraînant à Civaux, où on loue la fosse pour pouvoir s’entraîner jusqu’à 20m.

Quelle est selon vous la place du sport chez la femme et la place de la femme dans le sport ?

Je pense que n’importe quelle femme peut pratiquer n’importe quel sport. Le problème est parfois le temps, car avec les métiers ce n’est pas toujours très facile de tout concilier. Je le vois au niveau du CDOS, du Comité Départemental. Je suis de plus responsable technique au niveau de mon club. Cela prend beaucoup de temps, les réunions se font principalement en soirée et quand on a des enfants, c’est parfois un peu compliqué. Je pense que cela ne permet pas toujours à une femme de prendre des responsabilités, surtout quand il y a de jeunes enfants La garde est possible mais elle doit aussi se financer. Cela peut être compliqué. Certaines réunions sont organisées par des hommes pour qui, parfois, le temps n’est pas un élément primordial. Ces dernières peuvent parfois s’éterniser ou revenir un peu trop souvent. Il n’y a pas à chaque fois à faire des réunions. C’est parce-que c’est encore beaucoup géré par des hommes et le timing n’est pas toujours le même. C’est moins le cas pour la nouvelle génération, avec qui la gestion au quotidien est mieux répartie. Il existe encore cette culture très masculine et on peut le voir en plongée ; plus on franchit les niveaux, moins on a de femmes. Cela questionne sur le fait de savoir pourquoi les femmes ne vont pas forcément plus loin dans les responsabilités, que ce soit arbitre ou monitrice fédérale pour notre sport. Quand on part en formation, en tant que bénévole, on part une semaine mais c’est une semaine de congés. J’ai la chance que mon mari et mes enfants pratiquent mais ce n’est pas le cas pour d’autres femmes. Quand on pratique un sport sans associer le reste de sa famille, c’est chronophage.

Comment faire pour qu’un sport féminin soit aussi beau qu’un sport masculin ?

J’ai du mal à vous répondre. Je me dis qu’un sport féminin est aussi beau qu’un sport masculin. Je ne vois pas pourquoi il faudrait le vendre plus. Après, pourquoi le rendre plus beau ? C’est aussi beau, tout simplement. Le côté féministe fini par me gêner, il faut aussi arrêter de trop en faire car tout le monde a sa place et ce “trop” me gêne. A nous de le promouvoir et de le rendre accessible. Chez vous les hommes, la mentalité évolue lentement mais sûrement. Vous avez vous-même fait bouger des lignes dans le quotidien et cela va se répercuter au niveau sportif. Les valeurs changent énormément et avec le temps, j’ai bon espoir que ces différences s’estomperont.

Pour plus d’informations sur les sports sous-marins du département de la Vienne


Propos recueillis par Ivan GADAY.

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