Pauline Ferrand-Prévot : puncheuse tout-terrain

Pauline Ferrand-Prévot est une coureuse cycliste française polyvalente, que ce soit sur route, en cyclo-cross ou VTT. Elle est devenue en 2014 la première française championne du monde sur route depuis Jeannie Longo, dix-neuf ans auparavant. L’année suivante, elle est devenue la première cycliste à détenir simultanément un titre mondial sur trois disciplines différentes (relais mixte VTT, cyclo-cross et VTT cross-country). Vingt-cinq fois championne de France et trois fois championne du monde junior toutes disciplines confondues, Pauline Ferrand-Prévot est la Reine actuelle du Royaume Cycliste. Une Reine tout-terrain.

Pauline Ferrand-Prévot, ou PFP pour les intimes, est venue au monde le 10 février 1992 à Reims, dans la Marne. Sa mère commence par refuser de l’inscrire dans un club de vélo et la dirige vers le patinage artistique, un sport plus féminin. Mais Pauline Ferrand-Prévot va très vite claquer la porte de la patinoire pour ouvrir à nouveau celle du cyclisme. Elle s’entraîne dans le terrain de ses parents et va acquérir une incroyable agilité sur deux roues. Son grand frère Evan a été coureur en DN1, son oncle Ludovic Dubau a été champion de France de cross-country en 1994 et sa demi-sœur Axelle Dubau-Prévot fait partie de l’équipe de cyclisme féminin Experza-Footlogix. Son cousin, Lucas Dubau, a pris la troisième place lors du championnat de France de cyclo-cross espoirs en 2016 et son jumeau, Joshua Dubau, a remporté la coupe de France de cyclo-cross espoirs 2015. Le cyclisme est donc, vous l’aurez compris, une histoire de passion familiale. Dès ses douze ans, Pauline Ferrand-Prévot devance ses aînées de quatre ans lors de compétitions dominicales. Entre 2005 et 2008, elle participe aux courses avec les cadettes, qu’elles domine régulièrement. Elle remporte quatre titres et se classe deux fois seconde en six championnats de France (sur route et VTT). En 2009, elle prend part aux championnats d’Europe sur route en tant que juniors première année. Elle remporte de justesse le titre de championne d’Europe du contre-la-montre juniors, en devançant d’une seconde l’ukrainienne Hanna Solovey, qui allait devenir une sérieuse rivale. Elle prendra également la troisième place de la course en ligne à l’issue d’un sprint à six. Elle participe dans la foulée aux championnats d’Europe de cross-country juniors, où elle remporte en solitaire la course. Elle participe ensuite aux championnats du monde sur route juniors, à Moscou. Elle remporte la médaille d’argent sur l’épreuve du contre-la-montre, derrière Hanna Solovey. Elle s’inclinera ensuite lors d’un sprint à deux face à l’Italienne Rossella Callovi, mais obtiendra une nouvelle médaille d’argent. Elle remporte les deux épreuves du championnat de France sur route juniors, puis s’adjuge en solitaire son premier titre mondial lors du championnat du monde de cross-country juniors. Elle réalise ainsi le doublé championnat d’Europe-championnat du Monde en VTT chez les juniors. En octobre, elle ajoute le Chrono des Nations juniors à son palmarès de cette première saison en tant que juniors. Pauline Ferrand-Prévot était promise aux honneurs les plus prestigieux. Sa domination sera quasi sans partage.

DE JEUNE PROMISE À REINE CYCLISTE

Elle commence sa saison 2010 par les compétitions de cyclo-cross. Chez les féminines, il n’y a pas de catégorie juniors, ainsi Pauline Ferrand-Prévot court avec les élites et les espoirs. Elle prend la troisième place du championnat de France lors d’un sprint à quatre. Elle termine ensuite huitième du championnat du Monde de cyclo-cross. Après la saison de cyclo-cross, elle remporte sur route le Prix de la Ville de Pujols, une des manches de la coupe de France féminine sur route. Elle s’adjuge le classement final de la coupe de France juniors. En parallèle, elle participe avec réussite aux épreuves de la coupe du Monde de VTT juniors, puisqu’elle remporte la manche d’Offenbourg et termine seconde de celle de Houffalize. S’ensuivra une période très fructueuse. Lors des championnats d’Europe, elle doit se contenter à chaque fois des médailles d’argent, battue par Solovey lors de l’épreuve chronométrée et par la supériorité des italiennes sur l’épreuve en ligne. Elle arrive revancharde et motivée aux championnats du Monde sur route juniors à Offida, en Italie. Elle termine une nouvelle fois deuxième du contre-la-montre derrière Solovey. Finalement, elle remporte le titre en ligne en battant au sprint ses trois adversaires. Elle réalise ensuite un nouveau doublé aux championnats de France. Elle participe enfin aux championnats du Monde de VTT juniors à Mont-Sainte-Anne, au Canada. Elle profite de l’abandon de Neff, victime d’un coup de chaud, pour conserver son titre en solitaire. Elle devient ainsi la deuxième cycliste, après la Britannique Nicole Cooke, à réussir le doublé la même année championnat du Monde sur route et de VTT dans la catégorie juniors. Sa saison 2011 débute avec une deuxième place au championnat de France de cyclo-cross. Elle prend la huitième place lors du championnat du Monde de cyclo-cross, égalant son résultat de 2010. La saison de cyclo-cross terminée, elle est ensuite sélectionnée avec l’Équipe de France pour participer au Trofeo Alfredo Binda-Comune di Cittiglio, première manche de la coupe du Monde sur route 2011. Pour sa première épreuve de ce niveau, elle prend une neuvième place. Après une quatrième place sur Halle-Buizingen, elle termine septième de la Flèche Wallonne féminine au sommet du Mur de Huy, une autre épreuve coupe du Monde. Par la suite, elle participe à deux manches de la coupe du Monde de VTT espoirs qu’elle remporte à chaque fois en solitaire. Elle tient à multiplier les disciplines et annonce vouloir doubler route et VTT pendant au moins deux saisons supplémentaires. Après une victoire en coupe de France, lors du Prix des Communes de Nogent-l’Abbesse, elle arrive diminuée aux championnats de France sur route mais elle prend malgré tout deux médailles chez les espoirs. Elle participe et remporte ensuite en juillet les deux manches nord-américaines de la coupe du Monde de VTT espoirs. Il s’agit de ses troisième et quatrième victoires en autant de courses. Fin juillet, à un an des Jeux Olympiques de Londres, elle termine quinzième de la course VTT des pré-olympiques de Londres. Victime d’un coup de chaud alors qu’elle jouait la médaille de bronze, elle abandonne lors du championnat d’Europe de VTT espoirs. A la fin de l’été, grâce à sa deuxième place à Val di Sole, elle remporte le classement général espoirs de la coupe du Monde de VTT. Elle termine troisième du championnat du Monde, remporté par sa compatriote Julie Bresset. A la fin de l’année, elle remporte la médaille de bronze du championnat d’Europe de cyclo-cross, puis dans la foulée elle gagne sa première manche du Challenge National, à Rodez. Le 15 avril 2012, elle obtient son premier podium en coupe du Monde de VTT élite lors de la deuxième manche de la coupe du monde de VTT 2012 à Houffalize, en terminant quatrième. Grâce à ses bons résultats en Coupe du Monde, elle est sélectionnée pour l’épreuve de VTT aux Jeux Olympiques de Londres. Le 21 juin 2012, à Saint-Amand-les-Eaux, elle remporte son premier championnat de France élite, en contre-la-montre sur une distance de 26,8 kilomètres qu’elle boucle en 36,55 minutes. Elle remporte aussi le titre en espoirs. Le 14 juillet, elle termine quatrième du championnat de France de VTT, mais s’adjuge le titre en espoirs. Jusque-là entraînée par Gérard Brocks, également entraîneur de Julien Absalon, elle décide de changer d’entraîneur durant l’hiver 2013-2014 en raison de leur divergence d’opinion sur la nécessité d’une spécialisation.

DE PAULINE FERRAND-PRÉVOT A PFP

En début de saison, elle devient pour la première fois championne de France de cyclo-cross. Fin mars, pour sa course de reprise, elle termine cinquième au sprint du Trofeo Alfredo Binda-Comune di Cittiglio, épreuve comptant pour la coupe du Monde. Elle remporte dans la foulée la Flèche Wallonne. Elle est seulement la deuxième française à remporter une épreuve de coupe du Monde. Deuxième du Tour d’Italie, elle devient la deuxième française à monter sur le podium du Giro féminin, après la victoire de Catherine Marsal en 1990. Elle ajoute également une victoire sur l’Emakumeen Euskal Bira, la première sur une course par étapes. Elle devient ensuite la première française à cumuler quatre titres nationaux lors d’une même saison (course en ligne sur route, contre-la-montre, cyclo-cross et VTT). Après un titre au championnat d’Europe de VTT espoirs et un premier titre mondial sur le relais mixte, elle est annoncée comme la favorite du championnat du Monde de cross-country espoirs. Cependant, victime de deux bris de chaîne, elle doit se contenter de la huitième place. Le 27 septembre 2014, dix-neuf ans après Jeannie Longo, elle devient championne du Monde de cyclisme sur route à Ponferrada, en Espagne. A vingt-deux ans, elle a réglé au sprint un premier groupe comprenant l’ensemble des favorites. Sur la ligne d’arrivée, les quatre concurrentes se sont présentées sur la largeur de la chaussée et la photo-finish a été nécessaire pour les départager. En fin de saison, elle termine deuxième du Vélo d’or français entre Jean-Christophe Péraud et le pistard François Pervis. Elle est également élue par la revue américaine VeloNews, “cycliste internationale de l’année” et classée parmi les français les plus influents dans le monde par le magazine Vanity Fair. Elle est également sacrée Championne des championnes françaises par L’Équipe. Après avoir réalisé son premier podium en coupe du Monde de cyclo-cross, elle devient pour la deuxième année consécutive championne de France de cyclo-cross. À une semaine des mondiaux, elle décroche un nouveau podium lors de la manche finale de la Coupe du monde à Hoogerheide. Le 31 janvier, elle décroche le titre mondial en cyclo-cross, au sprint. Elle annonce souffrir d’une sciatique qui l’a handicapée sur le début de saison. Cette pathologie l’amène à compenser sa différence de longueur et à alléger son volume d’entraînement. Elle reprend la compétition lors des championnats de France sur route, où elle conserve son titre sur la course en ligne, mais perd celui sur le contre-la-montre, où elle se classe troisième. Au Tour d’Italie, elle se classe sixième du classement général. En août, elle entame ensuite sa saison de VTT avec le but de décrocher un troisième titre mondial sur trois disciplines différentes. Elle termine troisième de la manche de coupe du Monde de Mont-Sainte-Anne, puis remporte la manche de Windham avec plus d’une minute d’avance. De retour sur route, elle est victime d’une chute dans le dernier kilomètre de La course by Le Tour de France, puis se classe à nouveau troisième du Grand Prix de Plouay, dernière manche de la Coupe du monde sur route. Aux mondiaux de VTT, elle conserve son titre de championne du monde du relais mixte, puis devient championne du monde de cross-country avec une minute d’avance, après avoir dominée toute la course. À vingt-trois ans, elle détient donc simultanément le maillot arc-en-ciel de championne du Monde sur route, de cyclo-cross et de VTT, une première dans l’histoire du cyclisme. En fin de saison, elle se classe sixième des mondiaux sur route. Fin novembre, elle est victime d’une fracture du plateau tibial, ce qui l’empêche de participer à la saison de cyclo-cross avec le maillot de championne du monde. Le 24 décembre, elle est élue pour la deuxième année consécutive championne des championnes française. Sa saison 2016 est malheureusement marquée par de nombreuses blessures qui l’empêche de retrouver son niveau. Elle change d’entraîneur en cours de saison et se sépare de Yvan Clolus pour retrouver Gérard Brocks. Malgré son état de forme, elle est sélectionnée pour représenter la France aux Jeux Olympiques, à la fois en VTT et sur route. Elle termine vingt-sixième de la course en ligne et abandonne la course VTT, puis décide de mettre un terme à sa saison. Fin septembre, elle annonce sa signature au sein de l’équipe Canyon-SRAM Racing à partir de 2017. En 2017, pour son retour, elle est à nouveau championne de France de cross-country. Elle obtient également aux mondiaux de VTT deux médailles de bronze, sur le cross-country et le relais mixte. En janvier 2018, elle est pour la troisième fois championne de France de cyclo-cross. En juillet, elle est sacrée championne de France de VTT, pour la cinquième fois. Le mois suivant, aux championnats d’Europe de VTT 2018 à Glasgow, elle prend la médaille d’argent en cross-country. Lors des Championnats du monde de VTT 2018 à Lenzerheide, en Suisse, un mois plus tard, elle abandonne en pleine course l’épreuve individuelle de cross-country lors du troisième tour. Elle annonce en fin d’année avoir fait des examens ayant révélés un problème de pression artérielle dans sa jambe gauche, qui pourrait expliquer ses problèmes physiques et ses saisons précédentes difficiles. Se préparant aux Jeux Olympiques d’été de 2020 à Tokyo, elle annonce se focaliser sur le VTT, délaissant la course sur route. Elle annonce en décembre qu’elle souffre d’endofibrose iliaque côté gauche et à un degré moindre à droite. Elle va se faire opérer et être absente des compétitions pendant quatre mois.

Pauline Ferrand-Prévot a appris à dominer ses aptitudes, à les développer et à les maintenir. Elle n’est pas seulement polyvalente, elle prend du plaisir dans la diversité des pratiques. Une carrière de sportif est suffisamment exigeante pour s’enfermer dans des routines paralysantes et son moteur réside dans l’ouverture au monde. Une vie d’efforts en solitaire au service de ses passions. En attente d’être considérée comme l’égale des grands champions cyclistes, PFP est de retour à la compétition avec en vue les Jeux Olympiques 2020 où, à coup sûr, elle nous fera rêver.

Ivan GADAY

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