Interview de Fanny Bertho

Fanny Bertho est professeure des écoles et responsable du secteur USEP de Châtellerault. Elle nous accorde quelques mots pour nous parler de son parcours, de son quotidien et des valeurs transmises aux enfants par le sport.

  

Fanny, pour commencer, quel est votre relation au sport ?

 Je ne suis pas une grande sportive, contrairement aux autres interviews que j’ai pu lire (rires). Je l’ai été plus jeune, puis après mes études pour devenir enseignante, j’ai un peu laissé tomber, tout en conservant un oeil attentif sur le sport dans le sens où je côtoyais pas mal de sportifs et sportives. Mon mari est maître nageur, mon père s’occupe de l’USEP, etc. J’ai donc gardé ce lien avec le sport et dans mon métier, c’est quelque-chose que j’aime beaucoup, de “faire faire” aux élèves, donc j’ai un rapport d’observatrice. J’aime bien regarder le sport, le suivre par journaux interposés mais je ne le pratique pas trop.

 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

 J’ai suivi des études pour devenir enseignante. Je n’ai pas eu le concours de professeur des écoles la première fois. Je l’ai donc repassé une seconde fois, tout en travaillant au CREPS de Blois en tant que tutrice scolaire auprès de jeunes sportifs. Cela a été une expérience très enrichissante. J’ai fini par obtenir mon concours en milieu d’année. Je suis alors partie sur Angoulême, où je suis devenue enseignante. J’ai pratiqué dans une classe dès ma première année et suis tombée dans le bain de l’enseignement direct. Il est vrai que lorsqu’on fait des études, on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, même si mes deux parents sont dans l’enseignement, ma grand-mère également. Mon père était conseiller pédagogique d’EPS. Je vous parlais de ce lien avec le sport qui est donc toujours présent dans ma vie. J’ai adhéré à l’USEP avec ma première classe et je m’éclate là-dedans avec mes élèves.

 

Vous êtes également secrétaire du Comité Départemental et du Comité Régional. Pouvez-vous nous parler de cette activité de secrétariat ? Souvent, à l’évocation de ce mot, les personnes ont l’image de “Nadine de la compta”, ce genre de choses.

 (rires). J’ai accepté d’être secrétaire car cela rendait service. En général, c’est un poste que peu de monde souhaite prendre prioritairement. Je prends des notes et j’essaie de retranscrire au mieux la vie de l’association. C’est vrai que le secrétariat n’est pas le plus passionnant mais, dans l’ensemble, je m’investis. Je me suis également investie au niveau régional, ce qui permet de faire le liant entre la vie de l’association départementale et celle de mon association, car je suis également Présidente de mon association de secteur USEP. Je me retrouve dans ces trois échelons différents d’association et j’apprécie être secrétaire car je peux ainsi être au courant de tous les projets en cours, je peux les “faire passer” dans mon association, sur le terrain avec mes collègues, pour tenter de les investir au mieux. Le fait d’être également à l’échelon régional me permet aussi de relayer ce qu’il se passe au niveau national, régional. Un peu moins au niveau départemental car c’est très bien fait de la part de mes collègues. Cela me permet, au niveau associatif de mon territoire, de développer des projets qu ne sont pas forcément mis en avant facilement.

 

Vous êtes responsable USEP dans le Châtelleraudais. Pouvez-vous nous parler de l’USEP, de ses missions et engagements ?

 J’ai découvert l’USEP par le biais de mon père, qui a été un temps délégué USEP et surtout un grand usepien tout au long de sa vie, aussi bien quand il avait sa classe qu’après en tant que conseiller pédagogique. Il m’a donc beaucoup parlé du Sport Scolaire. J’ai pu, une fois que j’ai eu ma première classe, m’investir à mon tour au sein de cette association qui promeut le sport à l’école et pas uniquement les séances d’EPS qu’on peut faire avec nos classes. Il y a une dimension sportive mais aussi associative. Ce n’est pas tout le temps facile de faire vivre cela à l’échelon local parce que, on le sait, les associations manquent parfois de bénévoles. Ce n’est pas facile tous les jours mais il est vrai que faire découvrir des sports innovants aux enfants par le biais de cette association, de les aider à s’investir dans des échanges et des rencontres sportives avec d’autres élèves, d’autres enfants, c’est extrêmement riche. Cela leur apporte énormément et joue sur leur santé, leur envie de bouger et leur donne toutes ces clés importantes pour leur vie personnelle et sportive.

 

Pour compléter votre propos, quelles sont selon vous les valeurs essentielles dispensées aux enfants au coeur de la question éducative ?

 Nous “essayons” de leur dispenser à l’école des valeurs de solidarité, d’entraide, de vivre ensemble. Ce sont des valeurs au coeur des programmes qui sont très importantes et c’est aussi notre rôle de leur transmettre. Le sport est le vecteur qui peut permettre l’inclusion. J’ai travaillé dans un ULIS et il est vrai que grâce à l’USEP il m’a été possible de participer à cette inclusion, faire passer des valeurs de tolérance, d’acceptation, de différences et tout cela est très important pour moi.

 

Quels sont les prochaines manifestations à venir ?

 Sur le secteur de Châtellerault, nous allons avoir prochainement une rencontre départementale de football, en lien avec le projet “Foot à l’école”et la Fédération Française de Football. Avec ma classe, nous allons tenter de nous intégrer dans un dessein qui s’appelle “Planète Kayak”, qui est un projet de liaison CM-6èmes sans le nouveau cycle 3 et qui permet une rencontre entre une classe de sixième et une classe de CM, afin de pratiquer le kayak durant une journée. L’année dernière, une manifestation semblable avait été réalisée avec le golf. Cela se développe car les nouveaux programmes tendent à développer ce nouveau cycle 3 qui inclut la sixième. Il est vrai que le sport et entre autres l’USEP permettent ces liens et de développer ces interactions entre des enfants qui sont au collège et d’autres qui vont y venir. Ce n’est pas tout le temps facile selon les contraintes de chacun mais nous avons pu faire part de nos difficultés possibles et ces journées sont enrichissantes pour tout le monde, pour les enfants mais tout autant pour le personnel étudiant. Je n’avais pu rencontrer de professeurs de mon secteur et c’est enrichissant de connaître leurs difficultés car ils connaissent les nôtres et cela facilite l’échange.

 

Le sport est un miroir sociétal mais également un élément pacificateur. Quel est votre regard sur cette question et est-il possible de rattacher certaines valeurs au sport scolaire via cela ?

 Le sport est un élément pacificateur, c’est certain. Je pense que quand il y a des tensions, des difficultés au sein d’un groupe d’enfants, le sport peut parfois aider à apaiser ce groupe en développant l’entraide, le soutien, etc. Il n’y a rien de mieux pour cela qu’une séance d’EPS, qu’un jeu collectif, même si cela dépend de ce qui est proposé. Mais également les jeux coopératifs avec l’USEP, dans lesquels nous tentons de mettre tout le monde sur un pied d’égalité et d’équité. Il est possible de mettre des “handicaps” à certains, donner des bonus à d’autres, etc. Les enfants coopèrent d’autant plus et c’est clairement un vecteur de pacification.

 

De manière générale, de plus en plus de femmes entraînent, dirigent ou gouvernent mais ce n’est pas pour autant ni suffisant, ni égalitaire.

 Cela commence à se mettre en place, c’est de plus en plus courant dans notre société. Je prône l’égalité entre les sexes dans la vie quotidienne, la politique, le sport … dans tous les secteurs possibles et imaginables. Il faut que cela continue de se développer. Par exemple, nous avons voulu instaurer la parité au sein du Comité Directeur USEP et il est difficile de l’obtenir. Dans l’investissement, cela demande des choix, des sacrifices et ce n’est pas évident pour tout le monde donc il demeure encore des freins à cette égalité homme-femme qui sont dans les rouages de tous les jours. Nous avons des difficultés à trouver des femmes qui ont les moyens de s’investir dans les instances associatives, à des niveaux départementaux. Il faut réussir à se détacher de certaines contraintes et c’est possible seulement quand on a l’opportunité de le faire et certaines femmes ne peuvent se détacher de ces contraintes.

 

Comment faire pour qu’un sport féminin soit aussi beau qu’un sport masculin ?

Je pense qu’un sport féminin est déjà aussi beau qu’un sport masculin. Nous pouvons parler du rugby, du football, etc. Ces sport véhiculent des images parfois plus belles que celles des sports masculins. Je préfère par exemple largement regarder du football féminin que du football masculin. Au vu des images et valeurs, c’est presque au final plus beau que du sport masculin, après c’est une question de ressenti. 

 

Propos recueillis par Ivan GADAY.

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