Interview de Cécile Guimbaud

Crédits photo : La Nouvelle République

Cécile Guimbaud est l’ancienne Présidente du Comité Départemental de Cyclotourisme de la Vienne, fonction qu’elle a occupé durant près de vingt ans. Elle nous explique le cyclotourisme, évoque son club de Cyclos Poitiers-Couronneries Buxerolles et revient pour nous sur son parcours. Un entretien souriant et enrichissant.

Cécile, pour commencer, comment est née votre relation avec le sport ?

C’est assez facile. J’habitais La Trimouille, au Sud de la Vienne, dans les années 1980. Il y avait du football, de la danse puis un percepteur est arrivé et a créé un club de cyclotourisme. Il a distribué des papiers dans les boîtes aux lettres et comme nous nous ennuyions un peu à la campagne, cela m’a attiré. J’avais un vélo pour me déplacer car mes parents travaillaient et nous n’avions pas les mêmes horaires que maintenant. J’ai commencé à pratiquer le vélo de cette manière. Au fur et à mesure, nous avons fait plus de kilomètres puis avons changé de vélo car un vélo motobécane à l’époque ne correspondait pas à l’esprit d’un club, même si ce dernier est cyclo. Pour rouler plus facilement, il fallait un vélo plus léger avec des dérailleurs. C’est comme cela que cette aventure a commencé.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’avais, travaillant à l’hôpital, des repos pas forcément les week-end et des vacances pas comme tout le monde. Je me suis mis à encadrer des jeunes. Nous partions à la fin de l’école pour faire des voyage itinérants, où l’on montait les tentes tous les soirs. Nous avons fait le tour de la Vienne, des Deux Sèvres, d’Aubusson, la Dordogne, etc. Je suis rentrée, suite à cela, au Comité Départemental de Cyclotourisme. C’est une année où tout le monde a changé, une époque où nous étions déjà élus tous les quatre ans. Au bout de quatre ans, le Président est parti. On s’est tous regardés et je suis devenue Présidente comme cela car il n’y avait personne d’autre. J’ai été élue de 1993 à 2012. Après, c’est comme dans toutes les associations. Je pense que cela se passait bien avec moi en tant que Présidente puis personne n’a voulu prendre la place avant ma décision d’arrêter. J’ai beaucoup fait pour les jeunes. On a vu l’arrivée du VTT. En tant que femme Présidente, nous n’étions pas nombreuses, j’ai voulu instaurer des événements spéciaux féminin. J’ai voulu cela car, pour moi, dans tous les sports, la femme est capable de faire autant que l’homme mais ni à la même allure, ni dans le même esprit. J’ai créé des cent kilomètres féminins, une distance qui fait peur à vélo mais si on la fait à notre allure, cela se fait. Lorsque c’est encadré par des femmes, nous avons moins l’a priori de savoir si nous allons suivre ou pas. Je ne suis pas une super cyclote mais capable de rouler en groupe avec des hommes, ce qui peut faire peur à d’autres personnes. Nous avons fait des cent kilomètres, puis des séjours et la Fédération a mis en place un évènement qui s’appelait “Toutes à Paris”. Il fallait que l’on se déplace de nos régions pour aller à Paris. J’avais motivé depuis deux ans à l’aide de voyages itinérants pour s’habituer à rouler vers ce projet. Il y a eu un rassemblement de six à sept mille femmes pour cet évènement. Dans la Vienne, nous avons réussi à constituer un groupe d’une centaine de femmes pour monter sur Paris. Puis, ça a été la fin de mon mandat. J’ai voulu continuer après dans mon club de féminines tout public. J’ai attiré des copines, des personnes que je connaissais puis par le bouche à oreille. Je ne fais pas que des sorties féminines mais c’est axé sur les féminines et les nouveaux publics. Cela a été mon parcours sur le sport au féminin.

Qu’est-ce que le cyclotourisme ?

Le cyclotourisme est le déplacement à vélo d’un point à un autre. Il existe de nombreuses formes de cyclotourisme. J’ai fait du vélo déplacement pour me rendre à cette interview, ce qui est différent. Le vélo déplacement est pour la vie courante. Le cyclotourisme, on va dans un club et on fait des sorties le dimanche matin. C’est un entraînement, un sport comme un autre. Au lieu de courir, on fait du vélo, des sorties, on tourne autour de notre club, etc… Après, on peut faire des week-end pour découvrir une région. La Fédération organise énormément de séjours, les Comités Départementaux également. On va dans un endroit, on fait huit jours, souvent en étoile. On peut également faire des choses un peu plus sportives, comme cet été où nous allons faire des brevets de montagne. Chaque année, des brevets montagnards sont organisés dans les Pyrénées, les Alpes, etc… Cette année, nous irons dans la Drôme. C’est le côté un peu plus sportif. Il y a également, je l’ai fait avec mon mari quelquefois, partir avec les sacoches. Là, on fait mille kilomètres en dix jours, on se déplace avec les sacoches et on visite une région. Le cyclotourisme est très varié. C’est un sport loisir, sans idée de compétition mais on peut se “faire mal” si l’on fait des grandes distances.

Vous faites partie du Cyclo Poitiers-Couronneries Buxerolles.

Après ma fin de mandat au Comité Départemental, je disais toujours aux clubs que les licences chutaient. Nous sommes de plus une population vieillissante et jusqu’à quatre vingt ans on peut faire du vélo. Mais il faut savoir se renouveler et faire de l’accueil. Et faire de l’accueil ne signifie pas dire : “viens au club”. J’étais licenciée dans un club mais je n’avais pas le temps en tant que Présidente. Quand j’ai arrêté, je suis rentrée au club et j’ai fait un projet d’accueil de nouveaux publics. J’ai créé des créneaux exprès pour que ces nouveaux publics commencent la pratique du vélo. Nous avons commencé par des vingt kilomètres, trente kilomètres. J’ai créé un créneau le samedi après-midi. C’était très féminin. Comme maintenant les filles roulent aussi bien, nous sommes souvent une quinzaine, autant de filles que d’hommes. Après, comme elles ont bien roulé le samedi, que je voulais continuer dans cette démarche d’accueil de nouveaux publics, j’ai mis le mercredi après-midi. Ce créneau est cadré, seulement quarante kilomètres, car justement pour commencer cela fait peur lorsqu’on n’a jamais fait de vélo. C’est aussi le créneau que les personnes du club ont pris pour rouler en semaine. Cette année, j’ai créé un créneau de trente kilomètres pour les débutants le lundi après-midi. Ce créneau est plus adapté pour les personnes qui ne travaillent pas. Le mercredi, les personnes prennent leur après-midi. J’ai fait des créneaux et c’est moi qui les encadre. Je mène le groupe. On se calque sur le plus faible. Ces créneaux sont faits pour que l’on roule tous ensemble et même si une personne a du mal lors d’une bosse, en haut on l’attend. Je pense que cela marche bien puisque nous sommes régulièrement une quinzaine. C’était cela mon projet et je continue chaque année. Ce n’est pas facile de s’adapter puisque tout le monde progresse. Quand je suis arrivée au club, nous étions quatre féminines. Maintenant nous sommes dix-sept. C’est difficile de renouveler. On se maintient.

Quels sont les atouts du département de la Vienne ?

J’aime bien mon département. C’est un département qui est très beau à visiter. Je pense que le Sud de la Vienne est plus adapté à la pratique du cyclotourisme. Autour de Poitiers, vers Montmorillon ou Civray, les personnes sont surprises. L’année dernière, nous avons encadré un séjour à Saint-Cyr avec mon mari. Les participants n’étaient pas du tout de la région et ne pensaient pas que cette dernière était vallonnée de la sorte. C’est un département très beau à visiter mais pas assez connu. A choisir, ils iraient plutôt en Dordogne mais nous avons de beaux atouts : de la forêt, de petites routes, des bleds sympathiques à visiter. Il n’y a pas que le Futuroscope (rires). Il existe des randonnées permanentes pour visiter les départements sur le site https://veloenfrance.fr/.

Quelle est selon vous la place du sport chez la femme et la place de la femme dans le sport ?

Nous avons notre place comme tout le monde. Maintenant, il est vrai que c’est plus difficile de s’en faire une. On le voit bien dans les médias. L’équipe FDJ Poitiers-Futuroscope, on en parle un tout petit peu. Je ne suis pas vraiment concernée car je ne fais pas de sport de compétition, où l’on parle plus des hommes que des femmes. Je n’ai jamais eu de soucis en tant qu’ancienne Président du Comité Départemental. J’avais des subventions car on aimait mes projets. Il faut peut-être que nous fassions plus nos preuves que les hommes.

Comment faire pour qu’un sport féminin soit aussi beau qu’un sport masculin ?

Il est aussi beau ! La question est de savoir comment faire pour qu’il soit aussi connu. Quand on fait une sortie vélo entre femmes, nous sommes aussi belles à regarder. Nous n’aurons pas la même moyenne. Je pense qu’on n’en parle pas car il faut tout le temps être dans la performance et nous y serons toujours moins. Depuis quelque temps, nos fabricants de vêtements se sont mis à faire des tenues spéciales femmes. Cela commence. C’est important d’avoir des tenues adaptées en sport.

Cyclos Poitiers-Couronneries Buxerolles :
https://fr-fr.facebook.com/Cyclos-Poitiers-Couronneries-Buxerolles-473111652791750/
05 49 47 99 02


Propos recueillis par Ivan GADAY

Pour accéder à l’espace réservé du CDOS de la Vienne, veuillez vous connecter.

Connexion