Le cyclisme est d’abord une activité quotidienne pour beaucoup, un loisir pour d’autres et enfin un sport proposant des courses selon plusieurs disciplines. Retour sur l’histoire du vélo, du Tour de France et du cyclisme féminin.
Le baron allemand Karl Von Drais invente en 1816 la draisienne, considérée comme l’ancêtre de la bicyclette. C’est un véhicule à deux roues alignées que le cycliste fait avancer en poussant sur le sol avec ses pieds. Il présente son invention à Paris, le 5 avril 1818. En 1861, le carrossier Pierre Michaux et son fils Ernest commencent la fabrication des premiers vélocipèdes à pédale. Pierre Michaux appelle cette pédale “pedivelle” et en généralise la fabrication en créant son entreprise en 1865, la “Maison Michaux”, qui devient “La Compagnie parisienne” en 1869. Il est question, à partir de 1867, de succès populaire. Des engins similaires au vélocipède Michaux ont beaucoup de succès aux États-Unis lorsque Pierre Lallement, ancien associé de Pierre Michaux, obtient un brevet américain pour une machine qu’il appelle “bicycle”. Vers la fin des années 1870 apparaît le grand-bi. Il a une roue avant d’un très grand diamètre et une roue arrière plus petite. L’intérêt de la grande roue avant est d’augmenter la distance parcourue pour un tour de pédale. La roue avant étant plus haute et plus grande que la roue arrière, la conduite de l’engin est dangereuse et difficile. Deux ans plus tard, les premiers clubs cyclistes sont fondés : les Véloces Clubs de Paris, Toulouse, Rouen. En 1880, John K. Starley invente la “bicyclette de sécurité”, avec des roues de taille raisonnable et une transmission par chaîne. Le cycliste est installé à l’arrière, ce qui rend presque impossible la chute par-dessus la roue avant. L’écossais John Boyd Dunlop invente le pneumatique en 1888, ce qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Trois ans plus tard, Michelin invente le pneu démontable. En 1896, le cyclisme devient sport olympique. En 1900, l’Union Cycliste Internationale est créée. En 1910, la roue libre fait son apparition sur le Tour de France (compétition créée en 1903), puis le dérailleur en 1937. En 1941, sous le régime de Vichy, Jean Borotra interdit aux femmes de participer à des compétitions cyclistes. En 1945, l’UVF est remplacée par la Fédération Française de Cyclisme (FFC). L’équipement diffère sensiblement selon le type de pratiquant. En randonnée amateur ou en simple circulation, le port du casque par le cycliste n’est pas obligatoire, comme le phare, lorsque son utilisation n’est pas nécessaire, bien que tous deux conseillé. Il est en revanche obligatoire de porter et d’utiliser un phare diffusant un rayon blanc ou jaune lorsque le temps ou le lieu l’exige, de même qu’une bicyclette doit porter tout le temps un catadioptre blanc à l’avant et rouge à l’arrière du véhicule, et que le conducteur doit porter sur lui un gilet. En course, lors de compétitions professionnelles, le port du casque est obligatoire dans toutes les disciplines afin d’éviter les accidents, tout comme pour le triathlon.
TOUR DE FRANCE
Champion cycliste et directeur du Vélodrome de Paris, Henri Desgrange fonde en 1900 un quotidien sportif, L’Auto-Vélo, plus tard condamné à ne plus s’appeler que L’Auto. En quête de nouvelles idées pour promouvoir son journal, il organise le Tour de France. Les soixante concurrents officiels de la première épreuve partent le 1er juillet 1903 de Montgeron, en région parisienne. Vingt arrivent au terme de l’épreuve, à Paris, le 19 juillet suivant, après avoir parcouru un total de 2428 kilomètres en six étapes, via Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Le vainqueur est Maurice Garin, originaire du Val d’Aoste. Il a pédalé un total de 94,33 heures à la vitesse moyenne de 26 km/h. Le tout sans aucun produit dangereux, à l’exception du vin. D’une année sur l’autre, le Tour gagne en popularité. En 1910, l’épreuve emprunte pour la première fois les cols montagnards, notamment l’Aubisque et le Tourmalet, dans les Pyrénées. Quatre ans plus tard, la guerre éclate quelques jours après la fin de la compétition. Celle-ci reprend en 1919. À cette occasion, le vainqueur au classement général reçoit pour la première fois un maillot jaune, couleur de L’Auto. Interrompu une nouvelle fois par la Seconde Guerre mondiale, le Tour reprend en 1947, à l’initiative de L’Équipe, quotidien fondé par Jacques Goddet en remplacement de L’Auto, interdit pour faits de collaboration. D’une année sur l’autre, les performances s’améliorent avec une vitesse moyenne toujours plus élevée. Les “Trente Glorieuses” font la part belle aux Français. Le premier est le breton Louison Bobet, vainqueur en 1953, 1954 et 1955, devenu une légende vivante, plus encore que le normand Jacques Anquetil (1934-1987), quintuple vainqueur (1957, 1961, 1962, 1963 et 1964). Ce dernier le cède même en popularité à son rival, le creusois Raymond Poulidor, “l’éternel second”. Ensuite vient le temps des coureurs étrangers. Le belge Eddy Merckx gagne lui aussi cinq Tours, tout comme le français Bernard Hinault. Lance Armstrong, lui, a perdu tous ses titres pour cause de dopage avéré. Le dopage est un mal sans doute ancien auquel la mort prématurée de Bobet, Anquetil et Fignon n’est sans doute pas étrangère. Il est à l’origine de la mort de Tom Simpson, qui s’est effondré au sommet du mont Ventoux le 13 juillet 1967, victime de la chaleur et d’un excès d’amphétamines. Il n’est hélas pas limité au cyclisme mais c’est dans cette discipline qu’il a été dénoncé avec le plus de vigueur depuis plusieurs années. En dépit de Lance Armstrong et de ses déclarations aigres, le Tour de France a retrouvé depuis lors la faveur du public. Les étrangers ne sont pas restés indifférents à ce succès. Les pays voisins tels l’Italie et l’Espagne ont organisé des Tours similaires. Les États-Unis et même la Chine y songent également, avec l’objectif de faire apprécier leurs paysages et de prendre leur part sur les recettes publicitaires du cyclisme.
LE CYCLISME ET LES FEMMES
Resté anecdotique pendant de nombreuses années, le cyclisme féminin est reconnu par l’Union Cycliste Internationale mais aussi par la Fédération Française de Cyclisme. Ce ne fut pas toujours le cas : en France, en 1941, sous le régime de Vichy, Jean Borotra interdit aux femmes de participer à des compétitions cyclistes. Cette pratique prend un essor important avec l’organisation, en 1984, du Tour de France féminin. En effet, la Grande Boucle féminine internationale est une course cycliste sur route par étapes, qui s’est disputée chaque année entre 1984 et 2009 en France, exclusivement par des femmes. La course était considérée comme l’un des trois grands tours féminins avec le Tour d’Italie féminin et le tour de l’Aude.
De 1984 à 1989, un Tour de France féminin est couru en lever de rideau de l’épreuve masculine. Cette épreuve est organisée par la Société du Tour de France organisatrice du Tour de France masculin. En 1990, l’épreuve change de nom et de format : elle devient le Tour de la CEE féminin qui s’arrête en 1993. Les Jeux Olympiques accueillent une épreuve féminine sur route depuis 1984, des compétitions féminines sur piste depuis 1988. En 2012, pour rétablir la parité aux Jeux Olympiques de Londres, le programme du cyclisme féminin est similaire au programme du cyclisme masculin : il comprend une course sur route, une course contre la montre, une épreuve de vitesse, une compétition de Keirin féminin, l’omnium, la vitesse par équipes, la poursuite par équipes, ainsi qu’un cross-country en VTT et une compétition de BMX. Alors que les championnats du monde ont été créés en 1895 pour les hommes, le championnat du monde de cyclisme sur route féminin n’est apparu qu’en 1958.
Certaines épreuves sont toutes récentes. Si la bicyclette a su émanciper les femmes dès le XIXe siècle, elle est devenue aujourd’hui un véritable symbole d’indépendance. Malheureusement, les générations précédentes n’ont que très peu participé à la progression vers plus d’égalité des genres par le vélo. Le premier club de cyclisme féminin a été fondé cent ans après la création du vélocipède. Le cyclisme demeure également interdit dans certaines régions du monde. En Afghanistan par exemple, c’est une véritable révolution que mène l’équipe féminine de cyclisme, surnommée les “Petites Reines de Kaboul”. Il est également interdit de circuler à vélo pour les femmes dans la bande de Gaza, dirigée par le Hamas. Lorsqu’une ville favorise les infrastructures adaptées et sécurisantes pour tous les cyclistes, la proportion de femme pratiquant le vélo augmente. Elles optent volontiers pour la bicyclette, à condition de rouler sur des voies sécurisées et calmes. Une chose est sûre, ce sport de bien-être incontournable suscite de plus en plus d’intérêt.
Ivan GADAY